Prix RAN-INRAP décerné à la mission franco-marocaine « Sanctuaires et forteresses almohades ».
La 12e édition 2024 des Rencontres d’Archéologie de la Narbonnaise/RAN (Narbonne, 15-20 octobre 2024) s’est clôturée avec la remise du prix RAN-INRAP pour la préservation des sites archéologiques par l’étude en Méditerranée à la mission archéologique franco-marocaine « Sanctuaires et forteresses almohades ».
Créé à l’occasion des 10 ans des Rencontres d’archéologie de la Narbonnaise en partenariat avec l’INRAP, ce prix vise à valoriser l’action d’un chercheur ou d’une chercheuse, d’un laboratoire ou d’une institution française ou étrangère qui, sur l’aire méditerranéenne, en milieu terrestre ou maritime, met en œuvre des techniques de fouille, de relevé et de restitution permettant la préservation par l’étude de tout ou partie d’un site archéologique (du Paléolithique à l’époque contemporaine).
La récompense d’une mission de coopération internationale
Le prix 2024 pour la préservation par l’étude du patrimoine archéologique méditerranéen a été remis le samedi 19 octobre 2024 par Dominique Garcia, Président de l’INRAP, à Ahmed S. Ettahiri, Professeur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine à Rabat, Abdallah Fili, Professeur à l’Université Chouaib Doukkali d’El Jadida, Sébastien Gaime, directeur adjoint scientifique et technique Auvergne à l’Inrap et Jean-Pierre Van Staëvel, Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, co-directeurs de la mission franco-marocaine « Sanctuaires et forteresses almohades ».
La mission archéologique est placée sous la tutelle de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP, Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Royaume du Maroc, Rabat) et de la Casa de Velázquez (Madrid). Elle bénéficie de la coopération de l’Université Chouaib Doukkali d’El-Jadida et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, des UMR 8167 Orient & Méditerranée et UMR 7209 AASPE, de l’INRAP dans le cadre de PAS internationaux, du Centre Jacques Berque à Rabat, et du soutien de la Direction du Patrimoine culturel (Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Royaume du Maroc) et de la Commission des fouilles du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
Une archéologie des sites emblématiques du Maroc des XIIe et XIIIe s.
La mission archéologique « Sanctuaires et forteresses almohades » s’attache à explorer certains des sites emblématiques du Maroc des XIIe et XIIIe siècles. Regroupant en son sein divers programmes de coopération scientifique (Igiliz, Tît, Tinmal), elle est ainsi nommée en référence aux premières études consacrées, dans les années 1920, aux spectaculaires réalisations monumentales du plus grand empire que l’Occident musulman médiéval ait connu : l’Empire almohade (1147-1269).
La mission a été initiée avec la fouille extensive qui, depuis 2009, explore la montagne d’Igiliz (province de Taroudant), berceau originel des Almohades niché au cœur de l’Anti-Atlas. Elle a identifié et exploré d’autres sites médiévaux dans la même région, dont la ville d’Ânsâ. Parallèlement, dans la petite ville de Moulay Abdallah (province d’El Jadida) au sud-est de Casablanca, elle a étudié les vestiges monumentaux de l’un des plus célèbres pôles de dévotion soufie du Maroc médiéval : Tît-n-Ftar (commune de Moulay Abdellah Amghar). Ces dernières années, la mission archéologique s’est enfin tournée vers le Haut Atlas pour commencer l’exploration des vestiges du site de Tinmal (province de Marrakech), célèbre cité sainte et sanctuaire dynastique de l’Empire almohade. Malheureusement interrompus par le terrible tremblement de terre du 8 septembre 2023 dont le site était l’épicentre, les travaux ont repris à l’automne 2024 en adaptant l’approche archéologique à la gravité et à l’urgence de la situation.
Un double objectif : une promotion de l’archéologie rurale et une sensibilisation à l’archéologie préventive
Par ses travaux, la mission archéologique contribue à construire une autre vision des Almohades depuis les périphéries et non plus les grands centres urbains ou les capitales d’empire. Elle cherche à développer les recherches dans les campagnes et notamment dans les montagnes du Sud marocain, et à promouvoir l’archéologie rurale auprès des institutions et des jeunes générations d’étudiants.
Les différents programmes qu’elle a initiés lui ont également permis de développer une action de sensibilisation à l’archéologie préventive tournée vers deux publics différents : les acteurs institutionnels, pour promouvoir l’intervention d’archéologues avant les travaux de restauration des monuments médiévaux et plus largement en amont des opérations immobilières ; et les communautés locales, afin d’attirer l’attention des populations rurales sur les dangers du pillage de sites peu protégés donc particulièrement vulnérables, et donc sur la nécessité de conserver et de mettre en valeur les vestiges du passé.