Les problématiques touchant aux transitions qui affectent diverses régions du Moyen-Orient et de la corne de l’Afrique entre le 2e millénaire av. J.-C. et le Moyen Âge éthiopien sont au cœur des travaux de onze chercheurs de l’équipe « Mondes sémitiques ». Elles concernent les transitions politiques, économiques, religieuses et culturelles. Les travaux porteront sur les conséquences, pour les sociétés en contact du Levant ancien après le
Bronze Récent, des invasions des peuples de la mer au début du XIIe siècle av. J.-C. Ils porteront aussi sur la mise en place, également à partir du Bronze Récent et par une élite urbaine, d’une idéologie de conquête fondée sur des éléments identitaires forts, terreau de la formation de l’empire assyrien. Un peu plus tard, c’est la transition entre l’époque achéménide et l’époque hellénistique qui fera l’objet d’une attention particulière, avec comme étude de cas les cités phéniciennes, qui constituent un terrain de recherche privilégié pour appréhender les rythmes d’intégration au monde grec et en particulier la part des héritages de l’époque achéménide dans le domaine des institutions, des cultes et de la langue.
Les cités phéniciennes ont en effet des structures suffisamment proches du modèle grec pour ne pas avoir été refondées et conservent au moins en partie leur mode de fonctionnement propre.

Un autre thème important de cet axe concerne l’histoire de l’Arabie à la veille de l’islam et aux débuts de l’islam, pensée à partir de sources contemporaines des événements et non plus à partir de la seule tradition arabo-musulmane. Ces travaux éclairent le dépeuplement de l’Arabie Antique, l’effondrement des grands ensembles politiques mais aussi les reconfigurations qui s’opèrent dans une région désormais fortement imprégnée par le discours et les pratiques monothéistes qui s’y développent dès le IVe siècle ap. J.-C.
L’ensemble de ces processus explique l’émergence de la Mecque et de Médine comme les nouveaux centres politiques de la péninsule et le contenu même de la révélation coranique.
Non loin de l’Arabie, les opérations archéologiques, épigraphiques et documentaires menées sur les hauts-plateaux éthiopiens, à Wakarida et Lalibela, ont pour problématique principale les transitions entre les périodes pré-aksumite, aksumite et post-aksumite, théâtre notamment d’importantes transformations religieuses (christianisation au IVe siècle,
islamisation au IXe).

Un dernier thème est porté par la seule numismate de l’équipe, Fr. Duyrat, qui a commencé en 2017 un projet sur les flux métalliques en Méditerranée et en Asie, notamment ceux de l’or, vus à travers les monnaies, des Achéménides à la conquête romaine.

L’examen des marqueurs géographiques et chronologique permet en effet de dresser des cartes de circulation précises, l’objectif étant de dessiner une nouvelle carte analytique nouvelle de la richesse et de leur circulation avant, pendant et après le bouleversement de la conquête macédonienne.