« Archépolis : Archéologie et histoire de l’espace public à Thasos »
L’île de Thasos (Grèce du Nord) fait l’objet depuis 1911 d’une exploration archéologique systématique de la part de l’École française d’archéologie d’Athènes, en collaboration avec le Service archéologique grec (Éphorie des antiquités de Kavala-Thasos). Plusieurs missions sont aujourd’hui menées sur place, aussi bien sur le terrain (agora, sanctuaires, habitat) que dans les réserves du musée où un matériel important, de tous types, s’est accumulé au fil des fouilles et des découvertes.
Parmi ces missions, le programme « Archépolis : Archéologie et histoire de l’espace public à Thasos » a plus précisément pour objectif d’étudier la zone située sur la frange nord-est de l’agora, qui concentre les espaces et les édifices où se déroulaient, de l’époque classique à l’époque impériale, les principaux actes de la vie institutionnelle des Thasiens. Le programme combine l’étude architecturale des locaux à fonction politique, celles des points de culte et enfin celle des monuments honorifiques qui abondent dans cet espace. Il est articulé à l’élaboration d’un WebSIG du centre monumental de Thasos, abritant un certain nombre de bases de données (localisation de blocs épars, inscriptions, appareils des murs, etc.) et qui a récemment permis la création d’un nouveau plan géo-référencé. Il est par ailleurs étroitement lié à la republication des inscriptions thasiennes dans le cadre d’un Corpus des inscriptions de Thasos, menée par P. Hamon (Sorbonne Université, équipe ACT), J. Fournier (Université de Strasbourg) et N. Trippé (Université Bordeaux-Montaigne), et dont un volume est paru en 2019, tandis que quatre autres sont en préparation. Parmi ces inscriptions se distingue un ensemble remarquable de listes chronologiques de magistrats, gravées au IVe s. a.C. sur les murs d’édifices de l’agora ou de ses abords immédiats, tenues à jour jusqu’à l’époque impériale. Le programme fait actuellement une large place au long travail de reconstitution et de commentaire de ces catalogues, ainsi qu’à des réflexions sur leur emplacement exact, sur leur évolution et leurs reconfigurations au fil des siècles, et enfin sur le rôle qu’ils jouaient dans le paysage visuel et le paysage mental des Thasiens.