Le Sahara précolonial : des sociétés en archipel ?
Sous la direction de Cyrille Aillet, Chloé Capel et Elise Voguet
Depuis vingt ans, la recherche sur l’histoire des peuples sahariens connaît un renouveau discret mais remarquable. L’impensé ancien d’un Sahara prémoderne réduit à une frontière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Équatoriale recule en effet au profit de l’idée d’un Grand Désert comme aire autonome à la jonction des deux autres Afriques. Ce numéro de la REMMM s’inscrit dans cette dynamique en questionnant la cohérence et l’altérité de l’espace saharien durant la période islamique précédant les poussées coloniales. Le point de départ de la réflexion est le constat d’une tension entre le caractère insulaire des sociétés sahariennes et leur vocation cosmopolite, entre la discontinuité géographique du peuplement et les formes de cohésion qui peuvent en assurer l’unité, entre la multiplication des cultures vernaculaires et le développement d’un vaste réseau d’échanges et de contacts.
Cette organisation rappelle celle des archipels maritimes, un modèle conceptuel depuis longtemps utilisé en sciences sociales et qui mérite d’être questionné dans le cadre des études sur le Sahara précolonial. Trois grands thèmes, interrogeant cette notion d’archipel(s) saharien(s), traversent les neuf études de cas rassemblées dans ce numéro : celui de la mobilité des hommes, notamment marchands, pasteurs et lettrés ; celui des structurations politiques et sociales de ces sociétés ; et celui des productions culturelles