La Horde d’Or et l’islamisation des steppes eurasiatiques
Sous la direction de Marie Favereau
Les conversions des khans Berke (1257-67) et Özbeg (1312-41) eurent un immense retentissement dans le dār al-islām et au-delà de ses frontières. Les souverains de la Horde d’Or furent les premiers descendants de Gengis Khan à prendre le titre de sultan. Leurs orientations politiques et religieuses eurent des conséquences à long terme en Asie Centrale, en Russie et en Europe, où l’islamisation de nombreuses communautés date de la période mongole. Le passage à l’islam alla de pair avec des rituels et des règles de vie collective, l’acceptation d’un système économique et monétaire, et la construction d’une histoire commune. En milieu nomade, les récits de conversion se substituèrent aux récits d’origine en tant que narration du moment fondateur de la communauté.
Quelles furent les conséquences politiques de la tolérance religieuse des Mongols ? Peut-on parler d’un islam des steppes, associé à des pratiques funéraires particulières ? Qui furent les acteurs de la transmission de l’islam et quels étaient leurs modes de prosélytisme au sein de la Horde d’Or ? Les artisans, les lettrés, et les bénéficiaires de privilèges impériaux ont-ils joué un rôle plus important que les soufis? Enfin, doit-on établir un lien entre turquisation et islamisation ?
Ce numéro de la Remmm, qui réunit quatorze historiens, historiens d’art et archéologues d’une dizaine de pays, apporte des réponses concrètes à ces questions et propose de nouvelles pistes de recherche à la lumière de sources méconnues. Il offre un éclairage inédit sur un phénomène complexe touchant des régions qui s’étendent de la Chine à la Bulgarie.
The conversions of the khans Berke (1257-67) and Özbeg (1312-41) had a major impact on the dār al-islām and beyond its frontiers. The rulers of the Golden Horde were the first descendants of Chinggis Khan to bear the title of ‘sultan’. Their political and religious policies had long-standing consequences in Central Asia, Russia, and Europe, where many communities converted to Islam during the Mongol period. Adopting Islam implied the acceptance of new rituals and rules for collective life, it meant entering into new economic and monetary systems, and building a new common history. In the nomadic world, conversion stories often replaced older legends of origin as the foundational narratives of peoples and communities.
What were the political implications of Mongol religious tolerance? Can we discern the “Islamisation of the Steppe” through distinctive burial practices? Who were the agents of Islamisation and how did they proselytize within the Golden Horde? Did craftsmen, literati, and holders of imperial grants play a more important role in the transmission of Islam than Sufis? And, finally, should we see a link between Turkicisation and Islamisation?
This volume brings together fourteen historians, art historians, and archaeologists, from ten countries, to discuss these issues. By analysing unpublished and little known sources, they open new paths for research and shed light on a complex phenomenon that spread from China to Bulgaria.