Rostislav Oreshko, lauréat du prix Marie Curie 2021

Rostislav ORESHKO est historien et linguiste au laboratoire Orient et Méditerranée dans l’équipe Antiquité classique et tardive. Il mène le projet « Balkan Peoples« .

Ce projet est axé sur le phénomène de la migration des peuples balkaniques en Anatolie entre la fin du deuxième et le début du premier millénaires av. J.-C. Ce phénomène a eu des répercussions importantes sur la région allant de la mer Égée à l’ouest à l’Arménie et la Mésopotamie à l’est, y provoquant des changements majeurs dans sa composition ethnique, la langue, les croyances religieuses et la culture matérielle. Les Phrygiens sont les migrants d’origine balkanique les plus connus, mais ils n’étaient qu’un des éléments du mouvement migratoire d’envergure plus grande qui se déroulait en plusieurs vagues. Ce mouvement a apporté également en Anatolie une partie considérable de la population de la Mysie, la Lydie, la Paphlagonie, la Cappadoce et de l’Arménie, ainsi que, un peu plus tard, les Thraces de la Bithynie, qui ont assimilé la population précédente de la région – des peuples apparentés aux Hittites et Louvites – ou l’ont repoussée dans les parties montagneuses du sud de l’Anatolie et en la Syrie.

Hormis les Phrygiens et les Lydiens, aucun de ces peuples n’a laissé de textes écrits dans leurs propres langues. Les seules sources d’information à notre disposition sont les récits lapidaires des auteurs grecs, les mentions sporadiques éparpillées dans les textes cunéiformes et louvites hiéroglyphiques et les noms propres préservés dans les inscriptions grecques de la région. Ces circonstances rendent délicate la reconstruction en détails du phénomène de la « balkanisation » de l’Anatolie. Pour approcher ce matériel divers et dispersé, ce projet adopte une perspective interdisciplinaire qui réunit les méthodes des études classiques, d’hittitologie, de la sociolinguistique et la linguistique comparée, d’épigraphie et, à un certain degré, d’archéologie. On espère que la réalisation du projet produira une image du panorama ethnoculturel de l’Anatolie antique plus détaillée et équilibrée et contribuera à une meilleure compréhension des mécanismes de l’interaction et des échanges culturels dans toute la Méditerranée orientale.