L’Arabie marchande
État et commerce sous les sultans rasulides du Yémen (626-858/1229-1454)
Durant les derniers siècles du Moyen Âge, Aden, grand port du Sud de l’Arabie, solidement arrimé aux pans d’un volcan insulaire, occupa une place exceptionnelle sur la route des épices, entre Orient et Occident. Escale essentielle pour les navires, où se croisaient marchands et produits les plus recherchés, relais majeur de la propagation de l’islam dans l’aire indo-océanique, Aden fut la pièce maîtresse d’une politique de vaste ampleur, menée avec obstination par les sultans rasulides du Yémen. Fondée en 1229,
la dynastie rasulide imposa en effet jusqu’en 1454 son autorité et son hégémonie sur l’ensemble du Sud de la péninsule Arabique.
Dominant la mer Rouge, craint et respecté par les tribus de l’Arabie et les puissances riveraines de l’océan Indien, l’État rasulide eut une longévité remarquable en construisant pour partie sa réussite sur l’ouverture de l’Arabie au grand commerce : des rivages d’Aden aux citadelles du Yémen, des portes de La Mekke aux marchés d’Alexandrie, des routes de l’Abyssinie aux vaisseaux de l’Inde.
L’histoire du grand commerce oriental et celle du Yémen médiéval ont été longtemps écrites l’une sans l’autre, l’étude d’Éric Vallet permet enfin de les confronter. Abondamment nourrie par des sources originales – archives administratives et fiscales rasulides récemment découvertes – , et des corpus peu connus – l’historiographie du Yémen et de La Mekke – , cette somme érudite met en lumière les ambitions et les conflits qui animèrent l’un des coeurs de l’économie mondiale à la fin du Moyen Âge.