Rencontres scientifiques d’Antiquité Classique et Tardive (11 mai 2016)
– Mercredi 11 mai 2016
_ de 17h à 19h
_ Collège de France, salle Lévi-Strauss
_ 52, rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris
Édith PARMENTIER, Maître de conférences à l’Université d’Angers
Constructions mémorielles autour du règne d’Hérode : le stéréotype du « demi-juif » et la tradition du massacre des Innocents.
Le règne d’Hérode (37-4 avant notre ère) cristallise des représentations collectives issues de traditions culturelles différentes et imbriquées les unes dans les autres. Leur fusion a donné lieu à la formation d’une légende noire, qui joue un rôle fonctionnel dans l’histoire du judaïsme et dans celle du christianisme. La fabrication d’une identité ethnique suspecte rattache Hérode le « demi-juif » au stéréotype de l’usurpateur étranger, tandis que la fiction du massacre des Innocents illustre le modèle universel du souverain infanticide et barbare. L’analyse de ces deux motifs montre qu’il ne s’agit pas de faits attestés par les sources, mais de stéréotypes maintenus par des amalgames et par des manipulations.
Dominic MOREAU, Maître de conférences à l’Université de Lille – SHS
Les évêchés sur le « limes » romain jusqu’à la fin de l’Antiquité.
Enquête prosopographique préliminaire.
Il existe un vieux lieu commun toujours relayé par une partie de l’historiographie, selon lequel l’armée romaine aurait participé pleinement à la diffusion du christianisme dans les provinces de l’Empire. Suivant cette logique, nous devrions, a priori, être en mesure d’observer un degré d’implantation de cette religion qui serait proportionnel au niveau de militarisation. Les secteurs frontaliers (ici nommés « limes » par commodité) constituant la zone la plus militarisée dans l’Antiquité tardive, ils devraient donc théoriquement être les plus christianisés. Cette communication, qui se présente comme une enquête préliminaire à un projet plus large, propose de mettre à l’épreuve le topos évoqué, en dressant le tableau des évêchés dans les avant-postes militaires des confins de l’Empire, une forte christianisation devant, en principe, impliquer un certain degré d’organisation ecclésiastique. L’état des lieux sera dressé à partir des listes épiscopales fournies par les différentes prosopographies jusqu’en 610, cela autant pour le Proche-Orient que pour l’Afrique, le Rhin et le Danube. En se servant de l’exemple de ce dernier, plus précisément du Bas-Danube, on s’intéressera ensuite aux verrous qu’inculque une démarche prosopographique unilatérale, des verrous qui ne peuvent être levés, pour les secteurs frontaliers de l’Empire, qu’en multipliant les approches multidisciplinaires, entre histoire et archéologie.