Appel à communications : Interagir dans les sociétés anciennes

Journée doctorale d’ANHIMA, samedi 30 mars 2024, Paris

Date limite d’envoi des propositions : 23 décembre 2023


Suivant la tradition de l’anthropologie historique, nous proposons aux doctorant·e·s et post-doctorant·e·s travaillant sur les mondes anciens de réfléchir collectivement autour du thème : “Interagir dans les sociétés anciennes”. Si le verbe « interagir » est particulièrement
employé aujourd’hui dans des sociétés humaines de plus en plus connectées, il l’est d’autant
plus depuis la révolution technologique et numérique née durant le XXème siècle.

Dans les langues anciennes, des termes grecs et latin renvoient pourtant à l’action
d’interagir. A titre d’exemple, en grec, le pronom ἀλλήλων, renvoie à un sujet pluriel,
exprimant une action réalisée dans deux directions. Le préfixe ἀλληλ(ο)-, utilisé dans la
construction de plusieurs verbes, convoque une idée de réciprocité et de connexion mutuelle,
positive ou négative, telle que : ἀλληλοφιλέω, s’aimer l’un et l’autre ; ἀλληλουχέω, être en
état de cohésion ; ἀλληλομισέω, se détester mutuellement. En latin, une construction
similaire se retrouve dans l’emploi inter + agere pour signifier l’idée d’agir ensemble.
L’absence de travaux en histoire ancienne employant le verbe “interagir”, au profit de
notions mobilisant des substantifs – interactions, relations, réseaux – nous a amenés à choisir
ce verbe, afin de mettre en avant la capacité d’action des individus, à différentes échelles,
seuls ou regroupés. Le verbe interagir souligne l’idée d’une action entraînant des
conséquences pour les acteurs, qui la réalisent ou la reçoivent. Travailler sur l’agentivité des
individus permet de documenter la possibilité et la manière de réagir à ces différentes actions
(gestes, paroles, écrits), réaction motivée selon le statut, le genre et l’âge. Ces interactions
peuvent être quotidiennes ou ponctuelles. Parfois, choisies, subies, ou accidentelles, elles
révèlent des relations égalitaires ou asymétriques selon les individus qui composent la
société. Le concept de don contre don pourra être mobilisé, tout comme l’idée contraire,
d’agir par altruisme, en interrogeant les liens de sociabilités (amour, amitié, devoir,
obligation, nécessité, haine, vengeance, etc)1.

1 Voir par exemple, les travaux de Marcel Mauss et d’Erving Goffman


Nous invitons les participant·e·s à revenir au sens et à l’emploi des termes antiques à
travers les trois échelles de réflexion que nous proposons :
Axe 1. L’Oikoumene, c’est-à-dire le monde connu des anciens, constitué de différentes
communautés politiques qui interagissent par des échanges commerciaux, culturels et
diplomatiques, au sein desquels les questions militaires et territoriales peuvent être intégrées.
1 Voir par exemple, les travaux de Marcel Mauss et d’Erving Goffman.
Exemples : les alliances et pactes entre communautés politiques, les transferts culturels entre
sociétés, la construction des frontières entre deux territoires, les échanges commerciaux et
monétaires.
Axe 2. Au sein de la communauté politique, des personnes interagissent au travers de
groupes, d’associations, d’institutions. La manière dont les différents groupes interagissent
participe au vivre ensemble et à la construction de cette communauté.
Exemples : les associations cultuelles et de métiers, des évènements rassemblant l’entièreté
ou une partie de la communauté (célébrations, assemblées politiques, révoltes), l’éducation et
la formation intellectuelle et sportive des jeunes.
Axe 3. Les individus, selon leur genre, leur âge, leur statut, peuvent être étudiés dans une
approche micro-historique en analysant, entre autres, les émotions et les comportements qui
motivent leurs actions.
Exemples : les relations au sein de la maisonnée, les relations amoureuses et amicales, le
rapport personnel aux divinités.
Les participant·e·s pourront croiser les exemples proposés dans ces trois axes. Iels auront
aussi la possibilité d’apporter de nouvelles pistes de réflexion non abordées, mais qui
coïncident avec le thème développé. Les études menées dans une perspective
pluridisciplinaire et interscalaire sont les bienvenues.

Les communications, en français ou en anglais, dureront 20 minutes et seront suivies d’un
temps de discussion. Les propositions de communication de 400 mots maximum,
accompagnées d’un CV, doivent être transmises aux organisatrices jusqu’au 11 décembre
2023 aux adresses : flavie.fontaine@univ-paris1.fr et elisa.le-bail@univ-paris1.fr. Les
résultats seront communiqués au plus tard en janvier 2024. Il sera ensuite demandé aux
participant·e·s de nous faire parvenir leur titre et leur résumé définitifs.


La journée d’étude aura lieu le samedi 30 mars 2024 en salle Benjamin à l’Institut National
d’Histoire de l’Art, Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris. Les frais de transport et
d’hébergement sont à la charge des laboratoires des participant·e·s.


Organisation : Flavie Fontaine et Elisa Le Bail (U. Paris I Panthéon-Sorbonne, ANHIMA
UMR 8210)