Des Parthes au Califat

quatre leçons sur la formation de l’identité arménienne

Tout au long de son histoire l’Arménie n’a cessé de regarder vers l’Occident. Alliée de Rome dès le temps de Pompée, chrétienne à l’ère constantinienne, elle n’a jamais fait mystère de son aversion pour les Perses sassanides ni, plus tard, de sa défiance à l’égard de l’Islam. Pourtant, les réalités linguistiques, géopolitiques et culturelles attestent l’importance primordiale des composantes orientales que son idéologie nationale s’est toujours attachée à minorer. Ces quatre leçons sur la formation de l’identité arménienne, présentées au Collège de France en 1993, s’efforcent de recentrer, durant le premier millénaire chrétien, les principales étapes d’un processus d’hybridation, qui confère aux Arméniens une image ambiguë à l’extérieur et une conscience paradoxale d’eux-mêmes ; chrétiens comme à Byzance, mais épris d’idéal aristocratique iranien ; nourris de patristique grecque, mais plus perméables au courant des églises de langue syriaque ; résistant à l’Islam, mais concordataires avec le Califat ; langue et nation plutôt qu’État ; confession attachée aux origines chrétiennes, et cependant jalouse de ses singularités historiques. Garante des traditions fondatrices de l’identité nationale, l’Église accompagne les Arméniens dans tous les pays où les poussent les vicissitudes de l’histoire, comme un centre qui les rassemble et les garde fidèles à eux-mêmes.