Dieux et déesses d’Arabie
Images et représentations
Actes de la table ronde tenue au Collège de France (Paris) les 1er et 2 octobre 2007, édités par Isabelle SACHET, en collaboration avec Christian Julien ROBIN
L’islam interdit de faire des images de Dieu, du Prophète et même – de façon plus générale – de tout être humain. À la suite des théologiens musulmans, les savants contemporains estiment d’ordinaire que cette doctrine rompt avec les pratiques de l’Arabie préislamique et qu’elle s’inspire probablement des enseignements du
judaïsme rabbinique, très rigoriste en la matière.
L’objectif du colloque Dieux et déesses d’Arabie – Images et représentations (volet du projet de l’Agence nationale de la Recherche intitulé « De l’Antiquité tardive à l’Islam ») était d’examiner dans quelle mesure cette opinion est fondée.
La conclusion est une nouveauté. Le colloque met en évidence que, dans l’Arabie préislamique, il existait une forte réticence à représenter la divinité sous forme humaine ou animale. Cette réticence, qui remonte à la plus haute Antiquité, semble d’ailleurs partagée par plusieurs peuples du Levant. Elle a sans doute son origine dans une conception distante et diffuse de la divinité.
Le tabou islamique n’est donc pas une innovation impliquée par l’adoption du monothéisme, même si, aujourd’hui, il n’est guère douteux que le rejet des images résulte davantage du désir de se démarquer du christianisme, que des pratiques préislamiques ou de l’enseignement des rabbins du VIIe siècle.