Du village à l’Empire
autour du registre fiscal d’Aphroditô (525/526)
Le Registre fiscal édité et commenté dans ce livre note tous les versements, en or et en cuivre, encaissés par le Trésor du village d’Aphroditô en Basse-Thébaïde durant l’année 525/526, ainsi que la répartition des recettes entre la Caisse centrale et les divers bénéficiaires désignés par l’administration. Document des plus banals pour son époque, il est aujourd’hui unique par son état de conservation et par le contexte documentaire nourri qui éclaire et enrichit ses données propres. Le commentaire explore les domaines, parfois très vastes, où les données du Registre et du dossier constitué autour de lui remettent en cause les idées reçues. Document comptable, le Registre fournit pour la première fois la clef des rapports réels entre les deux espèces, l’or et le cuivre, qui dominent la circulation monétaire dans l’Antiquité tardive. Une étude des salaires et des rations militaires, auxquels Aphroditô contribue, en donne une image singulièrement concrète, quant aux modalités de paiement mais aussi aux quantités consommées par les soldats. Les données relatives à la fiscalité en blé inspirent une enquête sur l’approvisionnement de la capitale, Constantinople, et jettent une lumière inattendue sur le nombre de victimes de la grande peste de 542. Ce village égyptien reculé s’avère un échantillon fidèle de la société impériale, un microcosme où les problèmes parmi les plus débattus de l’histoire économique et sociale du Bas-Empire ont laissé leur empreinte et peut-être la clef de leur solution.