Islam d’interdits, Islam de jouissances
Un courant éditorial fait de l’Islam le lieu de l’interdit, de la négation des corps, de la hantise du désir. Femmes invisibles, sexualité réprimée, amoureux pourchassés, homosexuels suppliciés seraient l’essence de ces cultures. Un discours contraire, visant à la réhabilitation de l’Islam auprès du public occidental et son inscription dans un hédonisme mondialisé, exalte la sensualité des cultures musulmanes, leur célébration de la jouissance, leur érotologie qui a longtemps troublé les sens de l’Europe pudibonde, les vapeurs du hammam, les couples d’amants mythiques et les poètes jouisseurs et sacrilèges, amateurs de vin et d’éphèbes. Parfois ces clichés essentialistes sont combinés pour créer un fantasmatique avant/après, et l’on pleure sur les délices perdus des Mille et une nuits, recouverts par la chape de plomb de l’islamisme moderne et du littéralisme borné. Comment démêler l’écheveau des représentations, faire la part de ce qui ressortit à un discours théologique et ce qui émane des si diverses cultures qui se sont réclamées et se définissent encore aujourd’hui par l’islam? Cet essai vise à faire le point sur les recherches récentes dans le domaine de la sexualité en terre d’islam, des lectures féministes aux apports récents des gender et gay & lesbian studies, et à montrer la complexité des représentations et des scénarios comportementaux s’offrant aux individus dans ces cultures multiples reliées par leur référence à une même Loi.