Le coran de Gwalior
Polysémie d'un manuscrit à peintures
sous la direction de Monique Burési et Éloïse Brac de la Perrière
Le 24 septembre 1398, Delhi est prise d’assaut par les troupes de Timur Lang, notre Tamerlan. Cette date marque la chute du sultanat de Delhi, déjà ébranlé par l’émancipation d’une partie de ses territoires, transformés dès lors en de petits sultanats indépendants et affaibli par d’incessants conflits avec les royaumes hindous voisins.
C’est précisément en cette même fin du XIVe siècle, dans ce contexte chaotique, qu’est achevée, dans la forteresse de Gwalior, à quelques centaines de kilomètres de Delhi, la copie d’un coran dont l’existence même soulève un grand nombre de questions. Ce manuscrit, aujourd’hui conservé dans les collections de l’Aga Khan Museum (Toronto), est doté d’extraordinaires décors et d’un savant système de commentaires herméneutiques. Ces gloses, qui font appel à différents niveaux de lecture, supposent des techniques de mémorisation complexes et des usages variés du manuscrit coranique. Les flamboyantes enluminures, dont on ne connaît aucun équivalent, renvoient à de multiples origines.
Entre 2008 et 2014, un programme de recherche (UMR 8167- Islam Médiéval) a été consacré à cette œuvre hors du commun, dont l’analyse conjugue les compétences de spécialistes des études coraniques, de l’histoire, de l’histoire de l’art, de la codicologie, de la paléographie, des pratiques divinatoires et magiques. Leurs hypothèses et leurs conclusions sont réunies dans le présent ouvrage