En Nubie, l’archéologie funéraire décrit depuis près d’un siècle l’histoire des peuples qui vécurent le long du Nil Moyen. À défaut de fouilles urbaines extensives, hormis dans les capitales et les villes royales, les morts font donc parler les vivants. Malgré les pillages et les remplois, les tombes nous renseignent par milliers sur les évolutions qui marquèrent une région longtemps prise entre deux mondes : Égypte et empires méditerranéens au nord, continent africain et terres inconnues au sud. Dans le royaume de Méroé, ultime descendant d’un pouvoir centralisé qui vit le jour dans la région de Kerma durant l’âge du bronze, les inhumations livrent les indices d’une société complexe et hautement hiérarchisée, soumise à de multiples influences. Si les corps nous renseignent sur les conditions sanitaires et l’environnement, les coutumes d’enterrement témoignent de croyances souvent héritées de la culture pharaonique que cultivent la famille royale et les élites. Les objets qui accompagnent le mort restituent la gestuelle des derniers rites, tandis que leur dépôt permet aux archéologues d’esquisser les cartes des réseaux commerciaux, apportant souvent la preuve tangible de contacts réguliers entre régions ou avec l’étranger. Appuyée par une riche documentation archéologique, cette étude dresse un portrait détaillé des croyances dans un royaume marqué par la longévité et les évolutions.
In Nubia, funerary archaeology has been a major source of information for the past century regarding the history of populations that lived in the Middle Nile valley. With only a few settlements investigated, apart from capitals and royal cities, the dead speak for the living. Despite looting and multiple reuses, thousands of graves offer valuable data for a region that grew between two worlds: Egypt and Mediterranean empires to the north, African continent and unknown territories to the south. In the Kingdom of Meroe, the last descendant of a central power born during the Bronze Age in the region of Kerma, burials provide evidences of a complex society, highly hierarchical and influenced by multiple cultures. We understand from corpses the life and the environment of individuals, while from funerary customs we find that local beliefs were often connected to Pharaonic society. Artifacts accompanying a body attest to the last rituals for the dead and help archaeologists understand commercial exchanges within the kingdom and abroad. Supported by a rich and original archaeological documentation, this study gives a detailed overview of religious practices in a kingdom marked by eight centuries of evolution.