Théodose le Diacre, La prise de la Crète (960-961)
introduction, traduction et notes
Théodose, dont nous ne savons rien sinon qu’il était diacre à Constantinople dans les années soixante du Xe siècle, a fait œuvre de poète de cour en composant cette Prise de la Crète en cinq chants. Son sujet, bien documenté, est la campagne victorieuse menée en vue de replacer la grande île sous l’autorité de l’Empire, qui se disait et se savait romain, et que nous appelons byzantin. L’auteur y chante en dodécasyllabes les hauts faits du général en chef, Nicéphore Phôkas, avec pour but explicite d’en attribuer la gloire à Romain II, l’empereur héritier de la dynastie macédonienne (959-963). La mort prématurée de ce dernier fit que Théodose dédia son poème au vainqueur et futur empereur.
Parfait représentant de l’humanisme lettré de son temps, l’auteur multiplie les emprunts à la grande littérature grecque, d’Homère à Georges de Pisidie. Mais pour assumées qu’elles soient les références n’excluent pas pour autant l’irrévérence, souvent utile pour ranimer l’attention d’auditeurs qui partagent la même culture. Si certains byzantinistes ont pu taxer de mauvais goût tel ou tel passage du poème, nous préférons y voir la maîtrise de l’humour, de l’ironie, et pourquoi pas du baroque macabre.