PATRimoine des Routes anCiennes de L’Europe (PATOCLE)

Responsable : Nathalie Ginoux

Le projet exploratoire PATROCLE : PATRimoine des Routes anCiennes de L’Europe qui associe l’équipe Antiquité classique et tardive de l’UMR Orient & Méditerranée et le laboratoire MONARIS « De la molécule aux nano-objets : réactivité, interactions et spectroscopies » – UMR 8233, vise la mise en place de nouvelles synergies et d’une réflexion élargie autour de la patrimonialisation des routes de l’Europe du passé lointain au présent.

Nous proposons de nous intéresser à l’une des routes les plus anciennes, l’équivalent en Europe de la « Route de la Soie », la « route de l’Ambre » appelée aussi « Voie de l’Ambre ». Or, à l’instar du grand itinéraire transasiatique, un vocable unificateur occulte une réalité plus complexe et plus subtile, structurée par différents itinéraires orientés à la fois du nord au sud, en partant de la région baltique vers la zone méditerranéenne ; et d’est en ouest, de la Mer noire à la façade atlantique. Les gisements d’ambre les plus importants sont localisés sur les rivages de la Baltique, cette zone étant considérée comme le principal centre exportateur de la résine à travers l’Europe. Il existe également des dépôts naturels sur la côte sud-est de la Grande-Bretagne, la côte est de la Sicile, et des « nids d’ambre » en Europe centrale, notamment en Silésie, mal connus car ils n’ont pas été systématiquement caractérisés du point de vue de la matière. Les itinéraires de la route de l’ambre sont empruntés au moins depuis le Néolithique. Certains transects sont établis sur des voies naturelles de migration d’espèces animales. Dès le deuxième millénaire av. J.-C., l’âge du Bronze connaît un commerce d’objets manufacturés en ambre à travers l’ensemble du continent, plus particulièrement vers la Méditerranée orientale. Divers itinéraires mettent alors en interrelations les populations à une échelle locale et globale. De nos jours, des itinéraires de la route de l’ambre sont encore utilisés comme axes de circulation. Cette forme de résilience, inscrite dans les paysages européens depuis des millénaires, nécessite de placer la « route de l’Ambre » dans une dimension patrimoniale.

À partir des données issues de la caractérisation des matériaux et des chaînes opératoires, l’approche spatiale, géographique vise la reconstitution de routes millénaires, constituant un patrimoine historique à part entière et leur résilience (par permanence ou réactivation) jusqu’au temps présent dans le paysage européen. L’utilisation des nouvelles techniques numériques dans un but de conservation et de valorisation par un archivage digital est au centre de la démarche permettant la manipulation virtuelle tridimensionnelle, à haute résolution, d’un matériau difficile à conserver et à exposer dans les musées.