Tradition et innovation dans la littérature scientifique tardo-antique (byzantine et médiévale).
Les recherches rentrant dans cet axe ont donné lieu principalement en 2017 à l’édition princeps par J. Jouanna et A. Guardasole des Problèmes hippocratiques dans la Collection des Universités de France, qui constituent l’unique exemple d’une composition originale du genre littéraire des problèmes datant de l’Antiquité tardo-antique et byzantine. Le recueil s’insère à la fois dans la tradition médicale spécifiquement hippocratique et dans la tradition philosophique aristotélicienne.
L’héritage hippocratique et galénique a fait l’objet d’un autre colloque, organisé en novembre 2014 par A. Guardasole et C. Magdelaine autour de l’œuvre du médecin byzantin Théophile Protospathaire : ‟Un corpus médical problématique. Les traités attribués à Théophile Protospathaire et la relecture chrétienne des enseignements hippocratiques et galéniques”. La publication des actes est en préparation.
L’image de Galien à l’époque byzantine a fait l’objet d’une autre publication importante au sein de l’équipe : l’édition, avec traduction française, introduction et notes du traité de Syméon Seth (XIe s.), Antirrhétique contre Galien, qui est l’un des rares exemples de production littéraire byzantine qui conteste ouvertement l’autorité galénique (CRONIER Marie, GUARDASOLE Alessia, MAGDELAINE Caroline et PIETROBELLI Antoine, « Galien en procès à Byzance : l’Antirrhétique de Syméon Seth », Galenos, 2015, vol. 8, p. 71‑122). Un travail attentif a permis de confirmer l’attribution, souvent contestée, du traité à Syméon Seth et d’insérer l’Antirrhétique dans la réalité historique que reflète la production de Syméon et celle d’autres auteurs scientifiques contemporains.
Dans la suite des travaux sur la production byzantine gravitant autour de la figure de Syméon Seth, l’activité de cet axe dans le prochain quinquennal portera sur l’étude d’une production scientifique pluridisciplinaire (médecine, botanique, astronomie, géographie, physique, littérature), en ayant comme but à la fois de faire de la lumière sur cet auteur et sur les spécificités de la production scientifique en général. Quatre ouvrages majeurs sont attribués à Syméon Seth : un livre de physique (Conspectus rerum naturalium/Synopsis physicorum et philosophorum dogmatum), un livre d’astronomie (De utilitate corporum celestium), un livre de diététique (Syntagma de alimentorum facultatibus) et une traduction arabo-grecque du chef d’œuvre de la littérature arabe Kalîla wa Dimna, connue sous le titre de Stéphanitès kai Ichnélatès. À ces quatre textes relativement longs, on peut ajouter un court traité d’astronomie sur les positions, les dimensions et l’influence des étoiles fixes, et peut-être aussi un lexique botanique
En parcourant les livres de diététique, de physique et d’astronomie du savant byzantin, on perçoit une différence dans les méthodes didactiques et dans les registres rhétoriques qui peuvent se rapporter uniquement aux différents usages des genres littéraires. Nous comptons partir de deux échéances déjà concrètes (l’étude philologique et historique sur le traité Sur les facultés des aliments et l’édition princeps du petit traité De vita sana) pour élargir l’enquête aux spécificités de la littérature scientifique, avec le travail d’une part de condensation et d’agrégation du savoir ancien opéré à l’époque byzantine, d’autre part de l’ouverture aux acquis des sciences orientales.