Mélanges Catherine Jolivet-Lévy
Extrait de la préface de Jean-Pierre SODINI : Catherine Jolivet-Lévy a été l’étudiante d’Anatole Frolow. Elle avait choisi de se tourner pour sa thèse vers la peinture de Cappadoce, qu’elle centra sur le décor absidal, plongeant ainsi au cœur du système iconographique, de son programme et des intentions particulières exprimées dans tel ou tel édifice. Soutenue en 1981, sous le titre La peinture byzantine en Cappadoce : problèmes d’ensemble et introduction à l’étude de l’iconographie absidale, elle fut publiée par les éditions du CNRS en 1991 sous le titre Les églises byzantines de Cappadoce : le programme iconographique de l’abside et de ses abords.
Elle participa à plusieurs missions de Jean-Michel et Nicole Thierry dans le milieu des années 70, avant de voler de ses propres ailes. Elle a consacré beaucoup d’énergie à l’étude de cette région, qu’elle a élargie aux secteurs du Hasan Dağı (à l’ouest), de Niğde (au sud) et de Kayseri (à l’est). Sa très large connaissance des sources bibliques et chrétiennes, ainsi que de l’iconographie religieuse du monde chrétien, lui a permis de mieux déchiffrer et d’améliorer la lecture de beaucoup de parois cappadociennes. Répertoire iconographique, cycles (comme ceux de l’Enfance de la Vierge, de l’Archange Michel), cultes locaux (saint Hiéron, saint Eustathe, ou encore saint Kèrykos), écho des cultes de la Syrie proche (stylites), sujets rares (images de l’Agneau) ont été mieux pris en compte. Sa vision du programme d’ensemble des églises, son souci de la mise en rapport des images les unes avec les autres et du choix de leur emplacement correspondent à l’approche actuelle des décors, tout comme la reconnaissance du poids des commanditaires dans ce domaine, quand ils sont mentionnés dans des inscriptions dédicatoires ou des invocations, comme dans le cas de deux églises, la Nouvelle Église de Tokalı et, surtout, le grand pigeonnier de Çavuşin où Nicéphore Phocas, représentant de l’aristocratie cappadocienne, l’impératrice Théophano et d’autres membres de la famille impériale font face à Constantin et Hélène. La récipiendaire de ces Mélanges a été de fait active sur tous les aspects du patrimoine byzantin dans d’autres régions de Turquie, sur la peinture constantinopolitaine du XIIIe siècle et ses contacts avec l’Occident, sur les fresques du XIe siècle subsistant dans la basilique orientale de Xanthos et sur les constructions arméniennes dans l’est du pays comme l’église d’Aght‘amar. Hors des frontières turques, elle a accompli des missions sur les peintures rupestres de Crimée, a publié sur les peintures chypriotes (Saint-Néophyte), sur les décors peints et en mosaïque de Grèce et a tout récemment participé à un livre sur les peintures de San Filippo di Fragalà en Sicile. Sa connaissance des manuscrits, des ivoires, des tissus coptes et des icônes est aussi attestée dans beaucoup de ses travaux.
Volume réunissant 42 études, édité par Sulamith BRODBECK, Andréas NICOLAÏDÈS, Paule PAGÈS, Brigitte PITARAKIS, Ioanna RAPTI et Élisabeth YOTA