L’alcool dans les mondes musulmans
Sous la direction de Nessim Znaien et Philippe Bourmaud
Ce dossier sur l’alcool dans les mondes musulmans s’inscrit dans le cadre d’une historiographie des drinking studies en plein essor. Il s’agit ici d’historiciser l’interdit lié à la consommation d’alcool et d’étudier les boissons alcoolisées au prisme des normativités multiples qui s’y sont attachées à mesure que les processus modernes et contemporains de mondialisation se sont faits sentir dans les mondes musulmans. Pour cela, ce numéro confronte dans un même ensemble l’origine et la fonction de ces normes liées à l’alcool, depuis l’époque classique jusqu’à l’époque contemporaine. Nous faisons commencer notre réflexion à partir du XVe siècle, où la constitution de l’Empire ottoman peut produire des nouvelles formes d’administration, et la constitution de nouvelles élites. Les constructions étatiques, notamment ottomanes, jouent en effet un rôle essentiel dans les constructions de normes liées à la consommation d’alcool, et réciproquement encadrer l’économie de l’alcool contribue aux processus de renforcement des institutions dans la longue durée. Les processus de mondialisation à l’œuvre depuis l’époque moderne sont également interrogés afin de contextualiser l’évolution des normes à différentes échelles. La conception la plus large possible des « mondes musulmans » est en effet adoptée ici, permettant d’interroger différentes branches de l’islam (sunnisme, chiisme), différents cadres géographiques (Méditerranée, Moyen-Orient, Extrême Asie, Péninsule arabique) et différents contextes (islam majoritaire, islam de diaspora).