Christianisation et interactions religieuses en Éthiopie du VIe au XIIIe siècle : approches comparées avec la Nubie et l’Égypte
Projet coordonné par Marie-Laure DERAT
Référence : ANR-17-CE27-0020
Dates : 1er octobre 2017 au 30 septembre 2021
Partenaires :
Ce projet d’histoire et d’archéologie vise à étudier la christianisation de l’Éthiopie comme un processus, en s’intéressant à la période postérieure à la première conversion au IVe siècle. Il s’agit d’analyser la « seconde christianisation » comme une phase qui s’étend sur plusieurs siècles, depuis l’introduction du monachisme (à compter du VIe s.) jusqu’au règne d’une dynastie de saints-rois, les Zagwé (XIe-XIIIe s.). Le choix de cette borne chronologique s’explique par le fait que ces souverains instaurent un véritable gouvernement chrétien en Éthiopie, orientant les largesses royales et les richesses du royaume vers les donations pieuses. Il s’agit de mieux comprendre le passage d’une religion officielle, qui ne concernait qu’une minorité du royaume aksumite à une religion partagée par un nombre croissant de personnes et les transformations politiques, économiques et sociales que ce processus a engendré.
L’Éthiopie concernée par cette recherche est celle qui borde la mer Rouge (avec le port antique d’Adulis) et qui s’étend sur les hauts-plateaux vers le Sud jusqu’à Lalibela, prenant en écharpe la ville d’Aksum et la région du Tigray. Le projet se situe donc sur l’Éthiopie septentrionale et l’Érythrée actuels (mais ne comprend pas de terrain en Érythrée). Cela permettra de mettre à profit tous les travaux archéologiques menés dans ces régions, d’employer les inscriptions, les stèles, les vestiges archéologiques comme autant de témoignages de l’avancée du christianisme et de l’islam et de leurs interactions avec le paganisme. En revanche, les travaux de terrain seront circonscrits à deux régions-témoin, situées en Éthiopie centrale : le Tigray sud-oriental et la région de Lālibalā.
Le projet se déploiera autour de trois types d’enquêtes :
Ce projet sur la christianisation de l’Éthiopie et les interactions religieuses doit prendre en compte les travaux menés sur des espaces voisins, en Égypte et en Nubie, au sujet de l’impact économique et social du développement du monachisme, sur les mutations des pratiques telles que les pratiques funéraires, sur les interactions avec les païens et les musulmans à partir notamment de l’analyse des transformations des lieux de culte.
L’ampleur chronologique et l’articulation entre christianisation, interactions religieuses et comparaison avec l’Égypte et la Nubie permettent d’affronter la très grande diversité des sources et leur pénurie. En abordant les processus de christianisation selon ces différents angles, en s’intéressant aux marqueurs de la christianisation que sont les églises et les cimetières, en tentant de comprendre comment la concentration foncière dans les mains des institutions pieuses a modifié la société éthiopienne et en s’interrogeant sur la manière dont la christianisation s’est opérée dans les régions voisines de l’Éthiopie, en Nubie et en Égypte, c’est la question de la pénétration chrétienne en Éthiopie, de ses rapports à la pénétration musulmane, de son impact culturel, social et territorial que le projet EthioChrisProcess veut interroger.